LE MYTHE DE LA MÉDIATHEQUE VERTE

      L’objet de cette communication n’est pas de remettre en cause la construction d’une médiathèque à Bois-le-Roi. Nous nous réjouissons que ce projet, dans les cartons depuis tant d’années puisse enfin voir le jour et offrir aux Bacottes et aux Bacots un lieu décent dédié à la connaissance et à la culture. Il nous parait néanmoins important de tordre le cou à un certain nombre d’approximations émanant de la majorité municipale qui tente de faire passer cette future infrastructure comme un modèle de construction durable. Déconstruisons donc ses éléments de langage pour rétablir certaines vérités.

Sur le fait que la médiathèque soit économe en emprise foncière car construite sur un ancien parking.

C’est moins qu’à moitié juste, donc en grande partie faux ! L’ancien parking représentait une surface de 280 m², quand la future médiathèque s’étalera sur 460 m². Si l’on y ajoute les stationnements aménagés sur le jardin situé à gauche du chemin de la Paix (≈90 m²), et le parvis de livraison (≈25 m²), on assiste donc à une artificialisation assez conséquente de ces parcelles. Rappelons que le futur objectif "Zéro Artificialisation Nette"(ZAN) de la loi "Climat et Résilience" de 2021 vise à réduire significativement la consommation de sols naturels. On n’en prend pas le chemin !

Sur la compacité du bâtiment pour limiter l’étalement. 

L’étalement se résume à un problème de surface (2 dimensions) quand la compacité fait référence à l’agencement des volumes (3 dimensions) sur cette surface. La meilleure manière d’optimiser cette compacité en réduisant la surface au sol, c’est de construire en hauteur (la dimension manquante). Or la nouvelle médiathèque sera construite de plain-pied, donc loin de l’optimisation affichée. L’argument souvent mis en avant pour justifier ce choix est le coût important engendré par l’installation d’un accès pour les Personnes à Mobilité Réduite (PMR) à l’étage supérieur. Notons que le prix d’un petit ascenseur intérieur PMR ne desservant qu’un niveau est de l’ordre de 18 000 €.

Sur l’implantation d’une toiture végétalisée.

Une toiture végétalisée peut permettre de gérer « à la source » une partie des eaux pluviales. Une partie seulement, ce qui rend indispensable la construction d’une infrastructure supplémentaire (ex : puisard, idéalement une cuve de récupération pour alimenter les WC). Elle n’apporte qu’un gain tout relatif en termes de biodiversité puisqu’on est loin de la pleine terre, et ne résout en rien le fait que le sol ait été artificialisé. Le coût de cette toiture végétalisée (≈80€/m² si l’on veut aller au-delà de la simple carpette verte) reviendrait à ≈18 000 € pour la couverture de la moitié de la surface de toit (230 m²) ; ordre de grandeur équivalent au prix de l’ascenseur. Tout est donc une question de choix !

Sur les performances énergétiques du bâtiment.

Que l’on parle de RT2012 ou de RE2020, la future médiathèque répondra aux normes en vigueur pour ce type de bâtiment. Le débat n’est pas là. Le véritable problème tient au choix d’installer une chaudière… à gaz ! Dans le contexte actuel d’une inflation du prix du gaz et d’objectif de diminution des émissions de gaz à effet de serre, ce choix semble pour le moins incongru, pour ne pas dire à contresens de l’histoire. Rappelons que l’Union Européenne et la France - via sa Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) - ont pour objectif de réduire les émissions Carbone de 55% à l’horizon 2030 pour parvenir à la neutralité en 2050, et que les bâtiments (tertiaires et résidentiels) représentent 20% de ces émissions dans notre pays. Nous avions donc une occasion de contribuer à l’effort national. C’est raté ! Et ce malgré nos nombreuses interventions sur ce sujet (cf. notre intervention lors du CM du 16 juillet 2020 : InterventionProjetMe_diatheque_LEEAVABLR), arrivées surement trop tardivement du fait de la présentation du projet une fois qu'il était bouclé.

Précisons qu’en 2022, pour la première fois de son histoire, la commune s’est trouvée en déficit annuel de fonctionnement avec, entre autres raisons, la hausse des tarifs énergétiques. Notons en outre qu’en l’absence de prévisions budgétaires à moyen terme, le coût de fonctionnement de la future médiathèque (comprenant sa consommation énergétique) n’a pas été estimé. Ce n’est plus un manque de vision, c’est de l’aveuglement !

En conclusion.

Loin d’être à l’avant-garde, la Municipalité de Bois-le-Roi, ancrée dans un conservatisme déconnecté et sans imagination, continue donc à bâtir sur un modèle dépassé, se fixant pour seule contrainte d’être dans le cadre réglementaire du moment. Ne faisant preuve d’aucune initiative, d’aucune anticipation. Les discours de façade ne servent qu’à masquer des choix architecturaux et politiques qui ne sont pas à la hauteur des enjeux climatiques et économiques de moyen et long termes. Certes, la future médiathèque masquera l’absence de politique culturelle, mais elle illustre une fois de plus l’absence totale de politique environnementale. À Bois-le-Roi, la transition attendra.