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Association éco-citoyenne Avec Vous À Bois-le-Roi
30 août 2022

LE MUR DE LA HONTE

    Celles et ceux qui se sont rendu.e.s dernièrement au parc des Chardonnerets ont pu constater la présence nouvelle d’une énorme boursouflure le long du chemin d’accès voiture. Défigurant ce site désormais protégé par le PLU, d’aucuns se demandent à quoi peut servir cette cicatrice purulente. C’est une « noue » répondent d’un ton badin les élu.e.s de la majorité. Pour rappel, une noue est une infrastructure verte qui a pour but de collecter, infiltrer puis évacuer les eaux pluviales, et d’éviter ainsi les inondations locales. Ici, pas besoin d’être un expert en hydraulique pour constater que cet ouvrage ne répond à aucune de ces fonctions. Collecter : la pente entre le chemin et le léger fossé mitoyen ne permet pas l’écoulement de l’un vers l’autre. Infiltrer : plus que difficile car le sol dans les tranchées est tassé et peu perméable. Évacuer : impossible car aucun orifice n’a été créé de part et d’autre de ce fossé ! Le peu d’eau qui sera stocké dans cette « noue » sera donc condamné à stagner et à alimenter le chemin, le rendant à coup sûr boueux !

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    Si ce talus - puisqu’il s’agit bien d’un monticule et non d’un fossé - n’est en rien utile pour mieux gérer les eaux de pluie, quelle peut alors être sa fonction ? Après insistance, nos élu.e.s finissent par avouer, un peu honteux.se, que c’est une barrière « naturelle » pour éviter l’installation de gens du voyage comme c’est déjà arrivé par le passé… Voilà donc comment un mur ségrégationniste se transforme en ouvrage environnemental de gestion de risque dans la novlangue municipale (les logements sociaux avaient déjà été remplacés par des « logements accessibles »). L’écologie est désormais utilisée pour faire accepter l’ignominie ! Force est de constater que le courage et la sincérité ne sont pas donnés à tout le monde. Quant à l’humanisme, n’en parlons pas…

    Rappelons que le Code Général des Collectivités Territoriales (Article L5214-16) renvoie aux communes et aux agglomérations la responsabilité de créer, aménager, entretenir et gérer des aires d'accueil pour les gens du voyage. Cela se fait sur la base d’un schéma départemental (Loi n° 2000-614 du 5 juillet 2000) qui prévoit les secteurs géographiques d'implantation et les communes où doivent être réalisés des aires permanentes d'accueil, ainsi que leur capacité.

    En Seine-et-Marne, le schéma départemental, approuvé par arrêté préfectoral en date du 20 juillet 2020 (https://www.seine-et-marne.gouv.fr/content/download/48503/356582/file/Sch%C3%A9ma%202020-2026%20.pdf), prévoit 7 places pour Bois-le-Roi. Certes, ce plan réalisé par des bureaucrates bien éloignés de la réalité est un rien absurde. Les communautés de gens de voyage étant généralement plus importantes, il faudrait que des aires mutualisées soient proposées par les communes de l’agglomération de Fontainebleau. À ce titre, il est d’ailleurs amusant de constater qu’à l’échelle du département, un tiers des communes en retard sur leurs obligations appartiennent à notre agglomération, soit Fontainebleau, Avon, Samois-sur-Seine, Vulaines-sur-Seine et donc Bois-le-Roi (https://www.seine-et-marne.gouv.fr/content/download/49244/361432/file/Etat_avancement_AAG_202102_Comment.pdf)…

    Ce sujet n’est certes pas évident car il se confronte à l’inévitable problème d’espace, mais aussi au fait que les communes se renvoient la balle pour ne surtout pas implanter chez elles ces aires d’accueil (on retrouve la sempiternelle marque de solidarité « not in my backyard ! » ).

    De fait, depuis 2020, Bois-le-Roi n’a absolument rien proposé, ni lancé la moindre initiative ou réflexion pour essayer de faire respecter la loi sur notre territoire. Jusqu’à aujourd’hui, l’action municipale sur ce sujet s’est donc limitée à ce mur honteux, des barrières affreuses aux entrées du stade Langenargen et à la parade du maire devant les journalistes de la République pour montrer son hostilité à un campement illégal de gens du voyage sur la commune de Chartrettes (https://actu.fr/ile-de-france/bois-le-roi_77037/gens-du-voyage-une-installation-contestee-a-bois-le-roi-et-chartrettes-mais-un-manque-d-aires_41449709.html). Certes toujours utile pour caresser dans le sens du poil la branche la plus réactionnaire de son électorat... 

    On se barricade, on dénonce hypocritement l’inaction dont on est responsable, tout en ne faisant concrètement rien de constructif. Une fois de plus, l’absence de réflexion et de prospection conduit notre commune à « gérer » les difficultés dans l’urgence à coup de sparadrap (que l’on teint en vert pour l’occasion) sans s’attaquer aux questions de fond.

    Nous ne pouvons que conseiller à nos élu.e.s d’ouvrir un livre d’histoire pour chercher à quel moment la construction d’un mur a pu permettre de résoudre un problème de manière pérenne !

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